Une opération policière de grande envergure menée samedi à Dumay a failli aboutir à la capture de Vitelhomme Innocent, chef du gang Kraze Baryè. Pourtant, malgré une planification rigoureuse et des renseignements jugés fiables, l’opération s’est soldée par un nouvel échec, soulevant de vives interrogations sur la coordination – ou le manque de celle-ci – entre la Primature et la Police nationale d’Haïti (PNH).
Selon des sources policières, deux véhicules suspects ont été poursuivis par la PNH. L’un d’eux, escorté par des hommes armés, a été abandonné, permettant à Vitelhomme de s’échapper. Sur place, les forces de l’ordre ont retrouvé des armes, une mallette, et des documents médicaux suggérant que le chef de gang serait actuellement malade.
Mais ce qui choque davantage, c’est qu’une fois la position exacte de Vitelhomme connue, elle aurait été transmise à la Task Force de la Primature pour déclencher une frappe de drone kamikaze. Aucune action n’a été engagée. Un silence incompréhensible pour les agents sur le terrain, qui s’interrogent désormais sur l’utilité réelle de ces moyens technologiques pourtant vantés comme des atouts majeurs dans la lutte contre les gangs.
L’affaire relance les soupçons sur d’éventuelles tensions – voire des blocages – entre les structures responsables de la sécurité nationale. Plusieurs voix au sein même de la police évoquent un manque de soutien, voire des interférences politiques dans des décisions opérationnelles cruciales. Le directeur général de la PNH, Rameau Normil, est une fois de plus pointé du doigt, accusé par certains de passivité voire de complaisance dans la lutte contre les groupes armés.
En laissant s’échapper une figure aussi centrale du banditisme en Haïti, malgré une occasion en or, les autorités offrent un triste spectacle. Ce nouvel échec risque d’éroder encore davantage la confiance déjà fragile du public envers les institutions chargées de le protéger.
