
Depuis plus de 48 heures, une rumeur persistante agite les réseaux sociaux et certains médias haïtiens : le Dr Réginald Boulos, figure influente du secteur privé haïtien, aurait été arrêté par les agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) à son domicile en Floride le 18 juillet 2025, pour une affaire liée à son statut migratoire. Pourtant, à ce jour, aucun média américain de référence, ni le site officiel de l’ICE, n’a confirmé cette information. Ce silence, dans un contexte où les nouvelles se propagent rapidement, soulève des interrogations : s’agit-il d’une intox orchestrée ou d’un silence stratégique aux motivations encore obscures ?
En Haïti, des médias respectés comme Le Nouvelliste et autres ont évoqué une situation administrative complexe concernant le statut migratoire de Boulos. Selon des sources, l’arrestation présumée serait liée à des irrégularités dans sa demande de résidence permanente aux États-Unis. Certains rapports mentionnent que Boulos aurait omis de déclarer son rôle de membre fondateur du parti politique MTV-Haïti, une omission potentiellement grave selon les autorités migratoires américaines. Des allégations plus lourdes, liant son nom à l’assassinat de l’ancien président haïtien Jovenel Moïse, circulent également, bien que celles-ci demeurent spéculatives et non confirmées.
Cependant, ces informations proviennent principalement de sources haïtiennes et n’ont pas été relayées par les grands médias américains, ce qui est surprenant vu la notoriété de Boulos, tant en Haïti que dans les cercles économiques et politiques internationaux. L’absence de commentaires de figures journalistiques reconnues, comme Jacqueline Charles du Miami Herald ou Luckson Saint-Vil, alimente le mystère.
Le silence des médias américains, particulièrement en Floride où l’arrestation aurait eu lieu, est un élément troublant. Le Miami Herald, qui couvre régulièrement les affaires haïtiano-américaines, n’a publié aucun article sur le sujet. De même, le site officiel de l’ICE, qui relaie habituellement les arrestations significatives, reste muet. Ce mutisme pourrait être interprété de plusieurs façons : manque de preuves concrètes, volonté de protéger des informations sensibles dans une affaire en cours, ou stratégie délibérée pour éviter d’attirer l’attention sur un dossier potentiellement explosif.
Sur les réseaux sociaux, notamment sur X, les spéculations abondent. Certains utilisateurs affirment que Boulos, né aux États-Unis mais ayant renoncé à sa citoyenneté américaine pour se présenter comme candidat à la présidence haïtienne, aurait menti sur son statut migratoire, ce qui aurait conduit à son arrestation pour des raisons administratives. D’autres, comme des posts repérés sur X tel que NokadInfo, dément catégoriquement l’arrestation, qualifiant les rumeurs de désinformation. Ce contraste entre les récits laisse planer le doute : qui détient la vérité ? Et pourquoi un tel décalage entre les sources ?
Réginald Boulos est loin d’être un inconnu. Médecin, homme d’affaires prospère et ancien président de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti, il est aussi le leader du parti MTV-Haïti. Sa carrière, marquée par des succès entrepreneuriaux et une influence politique notable, en fait une figure polarisante. Son opposition au président Jovenel Moïse, assassiné en 2021, et ses efforts pour mobiliser la diaspora haïtienne aux États-Unis via des campagnes de lobbying à Washington en 2021, ont attiré l’attention, parfois pour des raisons controversées.
L’affaire présumée s’inscrit dans un contexte de tensions migratoires accrues entre les États-Unis et Haïti. Avec la récente décision de la Cour suprême américaine autorisant le président Donald Trump à révoquer temporairement le statut légal de plus de 500 000 immigrants, la politique migratoire s’est durcie, mettant sous pression de nombreuses personnes, y compris des figures de premier plan comme Boulos. Une affaire d’immigration, si elle est confirmée, pourrait ainsi prendre une ampleur démesurée dans l’imaginaire haïtien.
Pour l’heure, l’absence de confirmation officielle maintient l’affaire dans une zone d’incertitude. Est-ce une tempête dans un verre d’eau, amplifiée par les réseaux sociaux, ou le prélude à des révélations plus importantes ? Dans ce jeu trouble, une chose est sûre : les cartes sont encore dans les mains de ceux qui contrôlent l’information.