Alors que les autorités haïtiennes avancent à grands pas vers une réforme constitutionnelle controversée, le Syndicat de la Police Nationale d’Haïti (SPNH-17) tire la sonnette d’alarme. Dans une déclaration publique diffusée sur les réseaux sociaux, le syndicat dénonce un avant-projet de Constitution 2025 qui, selon lui, fait totalement l’impasse sur les enjeux cruciaux de sécurité nationale. Pour la SPNH-17, ce texte n’offre ni cadre clair, ni perspective sérieuse pour la modernisation de la Police nationale (PNH) ou des Forces Armées d’Haïti (FAD’H).
Le syndicat se dit particulièrement préoccupé par l’absence de toute disposition concrète sur les institutions sécuritaires dans le nouveau texte. Aucun article ne définit le rôle, la structure ou le financement de la PNH et de la FAD’H. De même, le projet ne propose aucune stratégie de sécurité nationale, ni de plan à trois niveaux (local, national, régional), ni en ce qui concerne la défense terrestre, maritime et aérienne.
Pour une nation confrontée à une violence endémique et à la prolifération des gangs armés, cette omission constitue, selon le SPNH-17, une faute politique grave.
Au-delà de l’absence de vision sécuritaire, la SPNH-17 s’inquiète de la tendance centralisatrice du projet, qui semble vouloir concentrer le pouvoir exécutif au détriment des mécanismes de contrôle démocratique. Le syndicat qualifie l’initiative de « cadeau empoisonné », dénonçant un texte rédigé sans dialogue, sans transparence, et sans véritable plan de réforme sécuritaire.
La SPNH-17 rappelle que l’article 284.3 de la Constitution actuelle interdit toute modification du texte fondamental par voie référendaire. À l’instar des grandes démocraties comme les États-Unis ou la France, la SPNH-17 souligne qu’une Constitution peut être amendée, mais pas remplacée de manière unilatérale et en dehors des cadres légaux.
Dans sa déclaration, le syndicat appelle tous les policiers, hommes et femmes, ainsi que les citoyens responsables à ne pas soutenir un projet qui ne fait aucun cas de la sécurité du peuple. Pour la SPNH-17, une Constitution qui ignore les réalités sécuritaires du pays est une menace directe pour la démocratie et la stabilité nationale.
Alors que les débats sur le projet de Constitution 2025 s’intensifient, la voix de la SPNH-17 vient souligner une vérité essentielle : sans une réforme solide du secteur de la sécurité, toute nouvelle architecture institutionnelle risque d’être bâtie sur du sable. Une nation ne peut se reconstruire sans mettre la sécurité de ses citoyens au cœur de son projet politique.