
Au cœur d’un commissariat haïtien, une jeune fille de 16 ans est victime de l’homme censé la protéger. Une histoire sombre qui rappelle que les murs qui devraient abriter la justice peuvent aussi cacher la pire des brutalités.
Saint-Marc, Haïti – C’était entre quatre murs, là où la loi est censée régner, que l’impensable s’est produit. Une adolescente de 16 ans, placée en garde à vue au commissariat de Saint-Marc, a été violée par celui qui aurait dû être son gardien : le policier Sevère Aly. L’information, portée à la connaissance du public ce vendredi par le Protecteur du Citoyen, Me Jean Wilner Morin, jette une lumière crue sur une réalité glaçante : l’institution policière, sanctuaire présumé de l’ordre, peut devenir le théâtre de la plus intime des trahisons.
L’agression a eu lieu dans l’enceinte même du commissariat, un lieu qui, idéalement, devrait incarner la protection et la sécurité. Mais pour cette jeune fille, ce fut l’inverse. L’endroit où elle devait être à l’abri est devenu une cage, et l’uniforme, un outil de terreur.
Dans une note de protestation adressée à l’inspecteur général en chef de la Police nationale d’Haïti (PNH), Me Jean Wilner Morin a exprimé son profond choc face à cet acte qu’il qualifie de « grave atteinte aux droits de l’enfant et aux principes fondamentaux de l’État de droit ». Des mots forts, mais qui peinent à traduire l’horreur vécue par une mineure sous la responsabilité de l’État.
Le Protecteur du Citoyen ne s’est pas contenté de dénoncer un fait isolé. D’une voix grave, il a rappelé que cette afflieur n’est malheureusement qu’un écho parmi d’autres. Dans le département de la Grand’Anse, des policiers auraient déjà commis des actes de violence sexuelle, souvent en toute impunité. Des ombres qui s’accumulent, des silences qui pèsent, des vies brisées dans l’indifférence quasi générale.
Derrière les procédures et les notes officielles, c’est le visage d’une jeunesse vulnérable qui se dessine, fragile, promise à un avenir incertain, et parfois sacrifiée sur l’autel de l’abus de pouvoir. Me Morin en appelle désormais à une action rapide des autorités : le policier mis en cause doit être sanctionné et poursuivi conformément à la loi. Mais au-delà de ce cas, c’est tout un système qui doit être repensé, renforcé, pour que ces drames ne se répètent plus.
Il y a, dans cette histoire, une mélancolie tenace. Celle de lieux qui devraient incarner l’espoir, mais qui, parfois, deviennent le reflet de nos plus grandes faillites. Celle d’un uniforme sali, d’une confiance trahie, et d’une enfant dont l’innocence a été volée entre les murs mêmes où elle croyait trouver un abri.



