
Alors que les pluies tropicales transforment les rues de la capitale en rivières, deux forces “travaillent” activement sur l’aménagement du territoire : d’un côté les gangs, urbanistes en armes qui redessinent la carte des quartiers “accessibles” ; de l’autre l’État, équipé de bâches et de bonnes intentions, qui tente de colmater les brèches… quand il n’est pas trop occupé à les observer se creuser.
Les gangs, meilleurs agents immobiliers forcés du pays
Faut-il les admirer ? En quelques mois, ces entrepreneurs particuliers ont réussi là où des décennies de politiques urbaines ont échoué : vider systématiquement des quartiers entiers pour créer de nouveaux “espaces de vie” en plein air. Leur secret ? Une méthode simple mais efficace : un argumentaire balistique qui convainc même les plus réticents à déménager. Résultat : un boom sans précédent du marché… des camps de déplacés.
L’État contre-attaque (avec des bâches)
Face à cette offensive immobilière non conventionnelle, le gouvernement oppose une défense tout aussi originale : des distributions de bâches qui flottent au vent comme des drapeaux blancs. “C’est temporaire”, assurent les autorités, sans préciser si elles parlent des abris ou de leur capacité à contrôler la situation.
Les gangs offrent actuellement un service complet :
- Déménagement express (gratuit, obligatoire et sous les balles)
- Redécoration à l’arme lourde
- Nouveaux voisins garantis (tous dans la même galère)
Entre les urbanistes en treillis et les humanitaires en mode dépannage, Haïti écrit une nouvelle page de son histoire. Une page où, visiblement, tout le monde a perdu le fil de l’intrigue sauf les bandits, qui semblent être les seuls à savoir où ils vont… et à y aller.