
La Police Nationale d’Haïti (PNH) a réagi officiellement à l’assassinat de trois de ses agents, tués lors d’une embuscade à Liancourt, dans le département de l’Artibonite. La déclaration, diffusée sous forme de note de presse par la Coordination de Presse et des Relations Publiques (CPRP), visait à condamner l’acte, exprimer des condoléances et annoncer des mesures de représailles contre les gangs armés. Toutefois, au-delà du fond du message, c’est la forme qui a particulièrement retenu l’attention.
Dans un contexte où la crédibilité des institutions est plus fragile que jamais, la publication d’un texte aussi solennel aurait exigé une rigueur irréprochable. Or, la note est entachée de fautes d’orthographe, d’erreurs grammaticales, de maladresses syntaxiques et d’incohérences typographiques, qui viennent ajouter au malaise général que suscite déjà l’impuissance des autorités à protéger la population.
Parmi les erreurs relevées, on trouve des majuscules injustifiées à des mots comme « Policiers », « Commissariat » ou « Institution Policière », qui ne sont ni des noms propres ni des titres officiels. Le mot « fossé » y est mal accordé au féminin, alors qu’il est masculin. Des constructions bancales comme « un porté disparu » au lieu de « l’un est porté disparu » trahissent un manque évident de relecture. Le verbe « est tombé » est remplacé sans cohérence par « était tombé », introduisant une dissonance dans le récit. L’expression « mots de sympathies » est utilisée à tort au pluriel, alors qu’elle devrait rester au singulier. Des virgules manquantes, des enchaînements maladroits et une ponctuation absente à des endroits clés rendent le message confus, voire brouillon.
Si certaines de ces fautes peuvent sembler mineures, elles deviennent significatives lorsqu’elles apparaissent dans une communication officielle, censée refléter le sérieux et l’autorité d’une institution publique. Dans un pays en proie à une insécurité chronique, où la population doute déjà de la capacité réelle de la PNH à affronter les gangs, une telle légèreté dans la forme d’un communiqué ne fait que renforcer le sentiment d’abandon et d’amateurisme.
Le plus troublant reste le décalage entre le ton solennel voulu et la forme bâclée du document. Lorsqu’une institution s’adresse à la nation après la mort tragique de ses agents, on s’attend à un minimum de rigueur, ne serait-ce que par respect pour les victimes et leurs familles. À travers cette note, la PNH prétend incarner l’ordre, la rigueur et la fermeté. Mais comment inspirer confiance quand le message lui-même manque de soin ?
Cette situation en dit long sur l’état général de l’appareil sécuritaire haïtien. Ce n’est pas seulement l’efficacité des opérations sur le terrain qui est en question, mais aussi la capacité des institutions à se présenter avec un minimum de professionnalisme. Le texte publié par la PNH donne tristement l’image d’un corps désorganisé, débordé, jusque dans ses services de communication.
À défaut d’apporter la sécurité, la PNH aurait pu au moins épargner à la mémoire de ses agents tombés un hommage aussi mal formulé. Mais même là, l’institution échoue à rassurer. L’erreur n’est pas que grammaticale. Elle est symbolique.