Port-au-Prince, Haïti – Dans un contexte de crise sécuritaire sans précédent, le gouvernement haïtien aurait conclu un contrat avec Erik Prince, ancien membre des forces spéciales américaines et controversé fondateur de l’entreprise militaire privée Blackwater, selon une information rapportée par le New York Times
L’accord viserait à mener des opérations armées contre les gangs qui paralysent plusieurs zones du pays, en particulier à Port-au-Prince. Des drones, mercenaires et armes seraient déjà en cours de déploiement dans le cadre de cette initiative, marquant une escalade majeure dans la stratégie sécuritaire de l’État haïtien.
Une réponse à une impasse sécuritaire
Depuis plusieurs années, Haïti est plongé dans une spirale de violences, marquée par la montée en puissance de groupes armés qui contrôlent de larges pans du territoire, imposant leurs lois, rançonnant la population, et affrontant la police nationale. Cette situation s’est particulièrement aggravée depuis l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse en juillet 2021.
Face à l’impuissance des forces nationales à rétablir l’ordre, le recours à une entreprise paramilitaire étrangère révèle l’ampleur du désespoir des autorités. C’est aussi une décision qui soulève de nombreuses questions éthiques, juridiques et politiques.
Qui est Erik Prince ?
Erik Prince est une figure bien connue du monde militaire et sécuritaire américain. Ancien Navy SEAL, il a fondé Blackwater (aujourd’hui connue sous le nom de Constellis), une société militaire privée devenue tristement célèbre pour son implication dans des opérations controversées en Irak, notamment lors du massacre de civils à Bagdad en 2007.
Il est aussi un proche allié de l’administration Trump et a souvent été au cœur de polémiques liées à la privatisation de la guerre et à ses tentatives de sécuriser des contrats militaires dans des zones en conflit.
Une décision à double tranchant
L’arrivée de mercenaires étrangers sur le sol haïtien pourrait offrir un soutien opérationnel immédiat à une police dépassée, mais elle risque aussi d’alimenter un climat de méfiance vis-à-vis des institutions haïtiennes. La mémoire collective haïtienne garde en effet de profondes cicatrices des interventions étrangères et de l’ingérence dans les affaires internes du pays.
De plus, le recours à des sociétés privées comme celle d’Erik Prince est souvent critiqué pour le manque de transparence, l’absence de redevabilité et les abus potentiels.
Une nation au carrefour de son avenir
Alors que la communauté internationale tarde à déployer les forces promises pour appuyer Haïti dans sa lutte contre les gangs, cette décision témoigne d’un acte de survie autant que d’un pari risqué. Elle marque un tournant dans la manière dont Haïti cherche à reprendre le contrôle de son territoire – mais à quel prix ?
Le peuple haïtien, épuisé par les années de violence, d’instabilité politique et d’abandon, attend désormais des résultats concrets.