
Port-au-Prince, 9 septembre 2025 – Après 27 jours passés dans l’enfer des gangs haïtiens, la missionnaire irlandaise Gena Heraty, figure humanitaire en Haïti depuis plus de trente ans, témoigne pour la première fois. Enlevée le 3 août près de Port-au-Prince avec un enfant de trois ans, elle raconte un quotidien marqué par la peur, la violence et les privations… mais aussi par la foi et la résilience.
Dans un entretien au Irish Independent, Heraty décrit ses conditions de détention : enfermée dans une pièce humide et insalubre, elle devait partager un simple gobelet de riz par jour avec l’enfant. L’eau potable était rare, les nuits passées à même le sol. Insultes, coups de ceinture, menaces de mort faisaient partie du quotidien. « Certains disaient servir le diable. J’avais peur qu’ils nous utilisent pour un rituel », confie-t-elle. Pour protéger l’enfant, elle se mettait systématiquement devant lui, encaissant les coups.
Pour tenir, elle s’est raccrochée à sa foi et à la mémoire des résistants irlandais comme Bobby Sands. Un moment l’a particulièrement marquée : « Un jour, l’enfant a crié : Gena, regarde, la Vierge Marie ! en pointant un mur. J’y ai vu un signe, une force pour continuer. »
À sa libération, Heraty n’a pas laissé place à l’amertume : « Ils m’ont volé un mois, mais pas ma volonté de faire le bien. » Elle dénonce cependant avec indignation l’attaque meurtrière d’un centre pour personnes handicapées menée par les mêmes gangs, où Yvonne, une résidente âgée, a perdu la vie.
Heraty affirme puiser sa force dans ses origines : « Les Irlandais ne s’apitoient pas, ils avancent. » Reconnaissante du soutien reçu, elle assure être en bonne santé et déterminée à poursuivre son œuvre auprès des enfants et des plus vulnérables en Haïti.