
Un jeune homme haïtien accusé de crimes graves à Miami a récemment été expulsé des États-Unis… mais pas vers Haïti. Contre toute attente, Junior Joseph, aussi connu sous le nom Alyss Sébastien, 28 ans, a été déporté vers le Mexique, malgré le fait qu’il soit au cœur d’une affaire criminelle non encore jugée en Floride.
Selon les documents du tribunal du comté de Miami-Dade, Junior Joseph avait été arrêté en janvier 2025 suite à une enquête ouverte en avril 2024, après un incident extrêmement violent survenu dans le quartier de Liberty City. Ce jour-là, une femme de 24 ans avait été retrouvée dans un état critique derrière une maison, le visage en sang, criant « vyòl » (viol en créole haïtien) et appelant à l’aide. Elle avait clairement identifié Joseph comme son agresseur.
Les chefs d’accusation portés contre lui incluaient des actes de violence physique aggravée et un viol présumé. Face à la gravité des faits, un juge avait ordonné sa détention sans possibilité de libération sous caution, le temps que la procédure judiciaire suive son cours.
Pourtant, contre toute logique judiciaire, Joseph a été récemment remis aux autorités fédérales de l’immigration, qui l’ont expulsé vers le Mexique, sans explication publique claire. Cette décision a choqué les autorités locales ainsi que les défenseurs des droits des victimes, qui s’interrogent sur les dysfonctionnements entre les systèmes judiciaire et migratoire.
La raison pour laquelle Junior Joseph a été envoyé au Mexique plutôt qu’en Haïti reste floue. Selon certaines sources proches du dossier, Joseph aurait peut-être transité par le territoire mexicain avant d’arriver aux États-Unis, ce qui pourrait justifier, selon certaines pratiques du DHS (Department of Homeland Security), une expulsion vers le dernier pays de transit. Toutefois, cette interprétation ne tient pas compte du fait qu’un juge américain avait exigé sa détention, ce qui rend cette déportation d’autant plus controversée.
Pour l’instant, les autorités fédérales n’ont pas répondu aux sollicitations des médias pour expliquer cette décision. Le bureau du procureur de Miami-Dade, de son côté, a indiqué qu’il était « en train de vérifier les circonstances » ayant conduit à cette expulsion inattendue et qu’il explorait les options possibles pour maintenir les charges ouvertes et envisager une éventuelle demande d’extradition.
Ce cas met en lumière les failles potentielles dans la coordination entre les services de l’immigration et la justice pénale locale. Il relance aussi le débat sur les droits des victimes et l’accès à la justice dans les cas impliquant des immigrants en situation irrégulière ou sous procédure de déportation.
En attendant, la victime, elle, reste dans l’attente d’un procès qu’elle risque de ne jamais voir aboutir.